On a testé pour vous : la Grèce en mode bas-carbone, en train et en bateau via l’Italie !
Cet été, des membres de l’équipe de Représente.org sont partis en vacances en Grèce… sans mettre un seul orteil dans l’avion ! L’occasion de réduire fortement l’empreinte carbone du trajet, mais aussi de voyager autrement, en prenant son temps, en traversant trois pays d’Europe par les rails et par les flots. Suivez le guide et découvrez pas à pas les étapes de l’itinéraire et nos conseils pour partir, vous aussi, vers la Grèce bas-carbone !
La Grèce en mode bas-carbone, pourquoi et comment ?
Pourquoi ce périple ?
Conscients de la lourde empreinte environnementale de l’aérien, nous avons fait le choix de ne plus emprunter l’avion dans notre vie personnelle et professionnelle. C’est donc d’abord pour réduire notre empreinte carbone que nous avons choisi de voyager un maximum en train – le mode de transport le plus sobre pour les longues distances.
Il serait réducteur de réduire ce périple à sa seule vocation “bas carbone”. Voyager en train et en ferry nous a aussi permis de vivre des expériences dépaysantes, depuis la traversée de paysages variés de la Suisse jusqu’aux Îles Grecques, en passant par les couchers de soleil au coeur de la mer Adriatique et les déambulations dans les ruelles des Pouilles au sud de l’Italie… Plutôt que d’être catapultés en Grèce, nous avons pu apprécier le changement progressif des paysages, des langues et des cultures. Nous avons traversé trois pays, voyagé en prenant notre temps, grâce à une itinérance de villes en villes.
Quelle était notre destination ?
Notre objectif était de rejoindre l’île grecque de Samos, située dans la partie orientale de la mer Égée, à moins de 2 kilomètres au large de la Turquie. Nous avons beaucoup aimé notre séjour sur cette belle et grande île boisée. Cependant, une fois à Athènes, vous pouvez choisir de rayonner en Grèce continentale ou de visiter d’autres îles.

Combien de temps prévoir ?
Bien qu’il soit possible de “condenser” le voyage en moins de 48 heures (notamment grâce au train de nuit Milan – Bari, comme dans l’itinéraire proposé par Hourrail), nous vous recommandons de prévoir 2 à 3 semaines pour en profiter un maximum. De nôtre côté, nous avions 3 semaines, ce qui nous a permis de passer plus de 10 jours sur l’île de Samos tout en profitant de plusieurs belles étapes sur le chemin.
Pour quel public ?
Ce trajet n’est pas réservé aux aventuriers ! De notre côté, nous avons réalisé ce voyage en famille, avec un enfant en bas âge (moins de 2 ans). Il est tout à fait possible de voyager en mode “tout confort” (hôtels, cabines, etc.), d’adapter les activités et les horaires des trajets aux besoins et envies des petits ou des grands. Les pays traversés – Suisse, Italie et Grèce – sont parfaitement sécurisés et adaptés aux touristes. Il vaut mieux néanmoins être à l’aise en anglais pour vous orienter dans les transports (guichets, gares, sites webs, etc).
Combien ça coûte ?
Pour les étapes en train, nous avons voyagé avec un pass Interrail qui permet d’accéder à tous les réseaux ferroviaires d’Europe. Le pass “4 jours” correspondant à notre itinéraire s’élève à 283 € pour les adultes (tarif réduit pour les jeunes et les seniors, gratuit pour les moins de 4 ans). Selon les trains choisis, il faut parfois compléter avec des réservations obligatoires ; on ajoute également le coût du trajet Patras – Athènes en transports locaux (environ 50 € A/R). Pour la traversée en ferry entre l’Italie et la Grèce, comptez entre 150 et 400 € A/R environ par personne, selon le niveau de confort choisi (avec ou sans cabine), la saison, la date d’achat, etc. Pour la traversée depuis Athènes jusqu’à l’île de Samos, nous avons payé environ 110 € A/R par personne en confort standard.
Empreinte carbone comparée : est-ce vraiment plus sobre de voyager en train et en ferry ?
Pour en avoir le cœur net, nous avons calculé l’empreinte carbone du trajet pour trois différents modes de transports :
- L’avion ✈️
- Le combo “train + ferry” 🚄⛴️
- Le combo “voiture + ferry” 🚗⛴️
Le résultat de nos calculs est détaillé dans le tableau ci-dessous :
L’itinéraire en train et en ferry est en effet le plus sobre en carbone. Il permet à chaque passager de réduire d’environ 2 fois le bilan carbone de son voyage par rapport à l’avion. Cette différence s’explique par l’efficacité du train, qui est de loin le moyen de transport le plus sobre en carbone sur de longues distances. Au total, 64% de l’itinéraire est réalisé en train (soit un total de 3 360 km A/R environ).
Même avec cet itinéraire, l’empreinte carbone du voyage reste élevée au regard des objectifs de neutralité carbone de la France, qui supposent de limiter les émissions à 2 tonnes CO2e par personne et par an d’ici 2050. Ce résultat s’explique par l’impact des tronçons en ferry (voir encadré). Ce périple reste un “grand voyage” à envisager avec modération. Pour réduire encore davantage l’empreinte du voyage, la solution serait de remplacer le ferry… par le voilier ! On espère que cela sera bientôt possible grâce à des initiatives comme celles de Sailcoop.
Nous pouvons constater également que l’empreinte carbone du trajet en voiture est comparable voire supérieure à celle du trajet en avion. Le résultat varie selon le taux de remplissage de la voiture. Avec un véhicule transportant uniquement 2 passagers (fourchette haute), le bilan du trajet est 20% supérieur à celui de l’avion, alors qu’il est légèrement inférieur si la voiture transporte 4 passagers (fourchette basse).

L’empreinte carbone du ferry, un calcul complexe
Le ferry est un moyen de transport polluant. Il suffit d’y monter pour s’en convaincre : on remarque très vite la fumée noire et le bruit incessant du moteur. En revanche, il n’est pas si simple d’estimer l’empreinte carbone d’un individu qui voyage en ferry.
Pourquoi ? Parce que les ferries qui sillonnent la Méditerranée transportent également (beaucoup) de marchandises et (beaucoup) de voitures. Les passagers ne représentent qu’une part mineure de l’espace et du poids véhiculés à travers les flots. Pour vous donner une idée, le navire sur lequel nous avons embarqué comportait 7 étages dont 5 consacrés aux garages. Il n’est donc pas si simple d’allouer l’empreinte carbone du bateau entre le fret et les passagers. Si les ferries ne transportaient “que” des passagers à pied, ils seraient sans doute plus légers et moins voraces en carburant…
Les cabines prennent plus d’espace que de simples sièges, c’est pourquoi on considère que l’empreinte d’un passager avec cabine est supérieure à celle d’un passager sans cabine. Selon la même logique, embarquer avec sa voiture est plus “émissif” que voyager sans véhicule. Pour plus d’informations, on vous recommande ce très bon article de Bon Pote.
A noter : cela ne vaut pas pour les croisières, qui sont uniquement dédiées au tourisme et transportent de massives infrastructures de loisirs (restaurants, cabines de luxes, piscines, etc.).



💡 Pour plus d’infos concernant notre méthodologie de calcul, rendez-vous en bas de page.
L’itinéraire pas à pas : le guide pratique
Avant le départ : quelques conseils pour se préparer
- Le tarif du pass Interrail dépend du nombre de jours de trajet réalisés en train (à noter : ces jours n’ont pas besoin d’être consécutifs). Pour préparer votre voyage, on vous conseille de commencer par créer un compte via l’application Eurrail ou le site d’Interrail. Cela vous permettra de planifier votre itinéraire avant d’acheter votre pass. Vous serez donc sûr(e) du nombre de jours dont vous avez besoin.
- Certains trains nécessitent des réservations obligatoires en plus du pass Interrail. Celles-ci doivent être réalisées à l’avance en ligne sur l’application ou le site. Il sera toujours possible de réserver le jour J, mais vous serez obligés d’aller au guichet, et vous risquez une longue file d’attente !
- Nous avons acheté nos billets de ferry sur le site de Blue Stars Ferries. Vous avez le choix entre une cabine, un siège attitré (« Airplane Type Seats Deck ») ou une place « eco » (sans place attitrée, « Deck – Lounge »). Même sans place attitrée, vous trouverez toujours de quoi vous asseoir, mais il faudra potentiellement partager une table et/ou un coin de lobby avec d’autres.
- Si vous voulez une cabine, réservez-la bien à l’avance : il n’y en a pas beaucoup et elles partent vite !
1ère étape : Paris - Milan
Lorsque nous avons réalisé ce trajet, à l’été 2024, la ligne de train directe Paris – Milan était fermée pour travaux. Nous avons donc emprunté plusieurs trains pour traverser la Suisse. Nous sommes passés par Bâle, Zurich et Lugano, mais d’autres combinaisons sont possibles. Vous pouvez les consulter sur l’application ou le site d’Interrail.
C’est l’étape de train la plus longue, mais les paysages sont magnifiques ! En moins de 24h, nous étions déjà en Italie après avoir traversé les Alpes. Nous avons passé la nuit à Milan.
💡 Le trajet passe par le lac de Côme, il est possible d’y faire une étape. Il est possible également de couper le trajet en s’arrêtant sur le chemin pour visiter la Suisse (à Zurich, Bâle, ou tout autre arrêt qui vous inspire).


2ème étape : Milan - Ancône
Après une matinée à Milan, nous avons pris le train pour rejoindre le port d’Ancône où nous attendait le ferry. Nous avons opté pour le trajet le plus plus court (3h30 en train grande vitesse), qui nécessite un complément de 13€ avec le pass Interrail. Nous avons logé à Ancône pour la seconde nuit.
Il est également possible de voyager avec des trains régionaux pour éviter de payer ce supplément. Vous pouvez également vous arrêter en chemin, pour faire par exemple une étape à Bologne ou à Rimini !
💡 Vous pouvez aussi choisir de prendre le ferry à Venise (plus au Nord, le trajet en ferry sera plus long) ou à Bari (plus au Sud, le trajet le plus court – ce que nous avons fait au retour). A noter cependant : d’un point de vue carbone, l’idéal est de minimiser la distance parcourue en ferry, donc mieux vaut embarquer à Bari qu’à Venise !


3ème étape : Ancône - Patras
Depuis Ancône, nous avons embarqué dans le ferry pour rejoindre Patras, en Grèce. Au programme : 26 heures de traversée à travers l’Adriatique, avec une nuit sur le ferry !
Il est nécessaire d’aller faire contrôler votre passeport avant d’embarquer, car il s’agit d’un trajet transnational. Il n’est donc pas possible de faire l’enregistrement en ligne. Il faut vous rendre au moins deux heures à l’avance au bureau d’enregistrement (Check In Terminal ou bigglietterie). Nous avons pris un bus local pour rejoindre le terminal.
Une fois votre enregistrement réalisé, vous pourrez prendre une navette gratuite pour rejoindre la zone d’embarquement. Si vous êtes chargé(e), vous pourrez laisser vos affaires au Port Authority (consigne gratuite sur présentation du billet) et vous pouvez vous balader dans la vieille ville en attendant le départ.
💡 Nous avons fait des provisions dans un supermarché d’Ancône avant d’embarquer, car les restaurants sur le ferry coûtent cher.
Nous avons embarqué à bord de notre vaisseau – le Lefka Ori – à 15h30. Le ferry a des airs de petite ville à lui tout seul. On y fait volontiers des rencontres. Vous trouverez un self, une boutique, plusieurs bars, des téléviseurs, des canapés, des tables, des chaises…
💡 Si vous n’avez pas de cabine, vous pouvez prévoir un matelas et un sac de couchage. pour vous allonger plus confortablement la nuit. Vous pouvez aussi prévoir un hamac, il y a beaucoup d’endroits où l’accrocher sur le pont !


4ème étape : Patras - Athènes
Nous nous sommes réveillés au large de l’Adriatique, après une nuit reposante dans notre confortable petite cabine, et avons profité d’une journée sur les flots, car notre arrivée à Patras n’était prévue qu’à 17h30.
L’arrivée en bateau sur la côte grecque est spectaculaire : vous admirerez de majestueuses montagnes semblant émerger des eaux, dont certaines couvertes de champs d’éoliennes.


Après avoir débarqué à Patras, nous avons choisi de rejoindre directement Athènes pour y passer la nuit. Les deux villes sont séparées par moins de 220 kilomètres, mais il n’y a pas de train direct, il faut donc combiner plusieurs étapes :
- Rejoindre la gare routière de Patras depuis le terminal de ferry : nous avons pris un taxi, le tarif est réglementé (8€).
- Prendre un bus pour Kiato : le trajet dure environ 1h30 et coûte 11€ par personne. Les tickets s’achètent au guichet à la gare routière.
- Prendre un train pour Athènes (Proastiako, une sorte de RER) : le trajet dure environ 1h20 et coûte 10€ par personne. Le bus vous déposera directement à la station ferroviaire. Les tickets s’achètent au guichet.
👉 Pour planifier votre itinéraire, vous pouvez consulter les horaires sur ce site : Hellenic Trains. Pour afficher le site en anglais, cliquez sur le bouton en haut à droite :
Le Proastiako vous amène à la station « Larissa » à Athènes (ou « Larissis Station » car le grec se décline). Nous avons pris un taxi pour rejoindre notre logement car nous étions chargés, mais vous pouvez aussi prendre le bus ou le métro selon votre heure d’arrivée.
Nous sommes restés trois nuits à Athènes afin de découvrir la capitale.

Une fois à Athènes, vous avez l’embarras du choix pour visiter la Grèce !
5ème étape : Athènes - Samos
Nous avons pris le ferry depuis le port du Pirée pour rejoindre Samos, une île au large de la Turquie, où résident de bons amis, pour y rester une dizaine de jours.
Nous avons embarqué de bonne heure (7h du matin !) pour arriver à Samos, le terminus, à 16h. Nous avons voyagé en classe éco (sans cabine) car le trajet s’effectue sur la journée. Le ferry pour Samos dessert également les Cyclades – notamment la fameuse île de Mykonos – il est donc très fréquenté !

Samos est une grande île, très boisée et très belle, a moins de deux kilomètres au large de la Turquie. Elle vit du tourisme et de l’agriculture. Vous y trouverez de magnifiques plages, de nombreuses randonnées (à faire au printemps ou à l’automne car il fait très chaud l’été) et des visites culturelles (excursions en mer, visite d’une manufacture de savon, cave de Pythagore, villages de montagne…).




Il y a peu de transports en commun sur l’île. Nous avons rejoint notre hôtel en taxi, puis loué des vélos électriques sur place (nous n’avons pas regretté l’assistance électrique, car c’est montagneux et il fait chaud !).

❤️ Coup de cœur : nous avons adoré notre séjour à l’hôtel Sofia, un établissement familial et chaleureux. En plus d’être idéalement situé à quelques minutes à pied de la plage, vous y dégusterez de savoureux petits déjeuners fait maison !
Le trajet retour via Bari
Samos – Athènes
Comme à l’aller, nous avons voyagé en classe éco jusqu’au port du Pirée et passé une (courte) nuit à Athènes.
Athènes – Patras
Comme à l’aller, nous avons réalisé le trajet en train (Proastiako) de la gare de Larissa (Larissis station) jusqu’à Kiato, puis en bus jusqu’à Patras. Une fois à Patras, nous avons pris un taxi pour rejoindre le Ferry Terminal.
💡 Vous devez faire vérifier vos passeports au minimum deux heures avant l’embarquement. Mais contrairement à Ancône, l’enregistrement (Check in) et l’embarquement ont lieu au même endroit, dans un vaste bâtiment climatisé où vous pourrez aussi acheter de quoi manger (sandwich, épicerie).
Patras – Bari
Cette étape est nouvelle ! Nous avons embarqué à Patras vers 16h30 pour entamer la traversée retour sur la mer Adriatique. Comme à l’aller, nous avions réservé une cabine. Après une confortable nuit sur le ferry, nous sommes arrivés vers 9h30 du matin à Bari, au sud de l’Italie.
💡 Le trajet pour Bari est plus court que celui vers Ancône, il dure environ 16h.
Une fois à Bari, nous avons pris le bus (n50) pour rejoindre le centre ville où se trouvait notre hôtel. Nous avons passé deux jours et une nuit sur place. Bari est une ville pleine de charme : vous serez charmé par son centre historique aux rues piétonnes, ses délicieuses orecchiettes, son port de plaisance, la balade aérienne sur ses fortifications…



Bari – Milan
Pour rejoindre Milan depuis Bari, nous avons opté pour le train de nuit. ⚠️ Si vous souhaitez des couchettes, pensez à les réserver à l’avance, car elles ne sont pas incluses dans le pass Interrail.
Nous avons profité de la journée pour visiter Milan et sommes restés dormir une nuit sur place.

Milan – Paris
Nous sommes partis vers 9h de la gare Centrale de Milan pour cette dernière journée de voyage via la Suisse. Nous avons suivi un itinéraire légèrement différent de l’aller : Bellinzona, Bâle, Strasbourg, puis Paris. La vue splendide sur les montagnes, les vallées et les lacs nous a permis de clôturer ce périple en douceur !
C’est ici que se tourne cette page d’aventure hellénique !
Vous avez des questions sur l’itinéraire ou le calcul de l’empreinte carbone ? Vous souhaitez un coup de pouce pour organiser votre trajet à titre personnel ou pour mettre un place un séjour bas-carbone avec votre CSE ? N’hésitez pas à nous contacter.
Remarques méthodologiques :
- Nous avons utilisé les facteurs d’émissions de l’ADEME (Base Carbone) pour l’avion et le train, en sélectionnant l’empreinte carbone de chaque réseau ferroviaire traversé (France, Italie).
- La Base Carbone ne possédant pas encore de facteurs d’émissions pour le ferry, nous avons estimé l’impact des traversées avec le calculateur réalisé par Maël Thomas et publié par Bon Pote. À noter : D’autres facteurs d’émissions, beaucoup plus bas, sont proposés par la base britannique DEFRA pour les trajets en ferry. Nous avons préféré rester prudents et favoriser les chiffres les plus élevés, plutôt que de risquer de sous-évaluer les émissions.
- La “fourchette basse” du trajet en train + ferry correspond à une traversée de la mer Adriatique sans cabine ; la “fourchette haute” correspond à une traversée avec cabine.
- La “fourchette basse” du trajet en voiture + ferry correspond à un covoiturage avec 4 passagers et une traversée de la mer Adriatique sans cabine ; la “fourchette haute” correspond à une voiture remplie avec seulement 2 passagers et une traversée avec cabine.
💡 À des fins de transparence, nous mettons à votre disposition l’ensemble de nos calculs et de nos hypothèses sur ce tableur.